Le Retour du Protectionnisme - Un Tournant Economique Mondial en 2025–2026
Cet article analyse les conséquences économiques des nouveaux droits de douane américains instaurés en 2025. Elle met en lumière leurs effets sur la croissance mondiale, les marchés financiers et les pays les plus vulnérables, tout en tirant des leçons des précédents historiques du protectionnisme.
Mongi Tebib
8/4/20254 min read
Alors que le monde espérait une stabilisation économique post-Covid et une transition sereine vers une croissance durable, l’annonce des nouveaux droits de douane américains en avril 2025 a rebattu les cartes de la mondialisation. L’administration américaine, invoquant la "réciprocité commerciale" et la "souveraineté économique", a imposé des tarifs douaniers de 10 à 25 % sur une large gamme de produits importés, frappant notamment la Chine, l’Union européenne, le Mexique et le Canada. Les conséquences de ce virage protectionniste sont immédiates, profondes et potentiellement durables.
Un choc économique mondial
La croissance mondiale est désormais attendue à seulement 2,5 % en 2025, en recul de près de 0,5 point par rapport aux prévisions initiales. Aux États-Unis, les perspectives sont à la baisse avec un PIB réel prévu autour de 0,5 % pour 2025 et 0,8 % en 2026. L’inflation, dopée par la hausse des prix à l’importation, pourrait grimper de 1 à 3 points supplémentaires, alimentant une baisse du pouvoir d’achat des ménages américains estimée à plus de 1 100 dollars par an.
Ce ralentissement s’accompagne d’une montée du chômage et d’un affaiblissement du tissu productif, notamment dans les secteurs liés aux chaînes de valeur mondiales. L’ensemble laisse planer un spectre redouté : celui de la stagflation, combinaison de croissance molle et d’inflation élevée.
Les marchés financiers : entre krach et euphorie
La réaction initiale des marchés a été brutale. Le 2 avril 2025, les principales places boursières mondiales ont connu un krach majeur : -10 % sur le S&P 500, -9,2 % sur le Dow Jones en deux jours, et une perte estimée à plus de 6 000 milliards de dollars de capitalisation. Les secteurs technologiques, automobiles et industriels ont été les plus durement touchés.
Cependant, cette chute a été suivie d’un rebond spectaculaire. À partir de juin 2025, les marchés ont intégré les mesures protectionnistes comme favorables à certaines industries domestiques. Le S&P 500, le Nasdaq et le Dow Jones ont atteint de nouveaux records historiques, portés par les valeurs liées à la relocalisation industrielle, la défense, les infrastructures et l’IA. Les investisseurs institutionnels ont redirigé leurs capitaux vers les États-Unis, considérés comme un refuge économique dans un monde instable.
Malgré cette euphorie boursière, les fondamentaux économiques demeurent fragiles. L’élargissement des spreads de crédit, les tensions inflationnistes et les coûts d’importation persistants pèseront à moyen terme sur la rentabilité des entreprises. En outre, la perte de crédibilité des institutions économiques américaines – marquée par les ingérences politiques dans la Fed ou le Bureau of Labor Statistics – pourrait créer une prime de risque durable sur les marchés en dollars.
Les pays vulnérables sous pression
Les économies émergentes, fortement dépendantes des exportations vers les États-Unis ou endettées en dollars, subissent de plein fouet cette nouvelle donne. Le renforcement du dollar accentue la pression sur leurs devises (peso mexicain, real brésilien, livre égyptienne, etc.), alourdit le coût du service de la dette, et freine les investissements.
Le FMI estime une perte de croissance de 0,5 point pour les marchés émergents en 2025. Les banques centrales de ces pays sont contraintes à des arbitrages délicats : défendre leur monnaie ou soutenir leur économie. Dans certains cas, comme en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine, ces tensions pourraient alimenter des instabilités sociales ou politiques.
En Europe, les pays fortement exportateurs comme l’Allemagne, l’Italie ou l’Irlande sont aussi exposés. Si les tarifs américains visent les secteurs de l’automobile ou de la pharmacie, l’impact sur leur croissance pourrait être significatif, allant jusqu’à provoquer une récession technique.
Une leçon de l’Histoire ignorée ?
Ce tournant protectionniste n’est pas sans rappeler l’épisode tragique du Smoot-Hawley Act de 1930, qui avait entraîné un effondrement du commerce mondial et aggravé la Grande Dépression. Les parallèles sont frappants : hausses tarifaires unilatérales, représailles commerciales, contraction des échanges et détérioration rapide du climat économique global.
Plus récemment, les tarifs imposés sur l’acier en 2002 ou les mesures prises sous l’administration Trump en 2018–2019 avaient déjà montré leurs limites : gains limités pour les industries protégées, coûts accrus pour les consommateurs et les entreprises, pertes d’emplois dans les secteurs en aval.
Conséquences à long terme : vers une fragmentation systémique ?
Si le protectionnisme devait s’intensifier et s’installer durablement, le risque est celui d’une fragmentation économique mondiale. Les chaînes de valeur seraient réorganisées, les flux de capitaux plus volatils, et l’investissement mondial fragmenté. À terme, cela pourrait affaiblir la croissance potentielle globale, renforcer l’instabilité financière, et isoler davantage les économies vulnérables.
Un tel scénario rappelle les effets à long terme du protectionnisme d’entre-deux-guerres : repli sur soi, blocs économiques concurrents, montée des tensions géopolitiques. Il pourrait également saper la confiance dans les institutions multilatérales (OMC, FMI, G20) et rendre la coopération internationale plus difficile, notamment en matière de climat, de technologie ou de sécurité alimentaire.
Conclusion : une bifurcation mondiale
Le monde fait face à une bifurcation majeure. Si le protectionnisme généralisé devient la norme, le coût pour la croissance, la stabilité financière et la coopération internationale pourrait être colossal. La communauté internationale, les institutions multilatérales et les acteurs économiques doivent réagir pour éviter un enchaînement de réactions en chaîne destructrices.
Plutôt que d’ériger des murs tarifaires, il est urgent de reconstruire une architecture commerciale équitable, transparente et résiliente. Le XXIe siècle ne peut se permettre de répéter les erreurs du XXe.
Mongi Tebib / Zone Trading
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